

JY 1967 : tu en as mis du temps à venir me retrouver ! je t’attendais dans ce sac de cuir depuis si longtemps, environ 35 ans, quand tu l’as ramené d’un de tes clubs Med. Tu m’avais casé là-dedans avec plusieurs autres photos. On se disait : « il va bien venir nous rechercher un de ces jours ! » et te voilà ! J’en ai des choses à te raconter …
JY 2025 : Je suis désolé. Je savais que cette photo existait quelque part, que tu y étais bien sûr, mais je ne savais plus trop où tu étais, et surtout j’avais complètement oublié que tu avais un tel sourire sur cette photo de classe.
Quand je t’ai revu ainsi, tu sais, j’ai chialé. Tu m’as bluffé.
Quel sourire !
En plus, tu es presque le seul à sourire. Il y a toi et ton voisin de gauche. Tu m’as touché.
« Espiègle et déterminé » comme le dit Maud aujourd’hui.
Tu sais que tu dois à Maud d’être ressorti de ta boite à trésors (car tu es un trésor)
Et à Mohamed, l’idée que l’on se parle après tout ce temps.
Dis-moi pourquoi ce sourire !
JY 1967 : Tu te souviens de l’ambiance à la maison. Je n’en pouvais plus. Les seuls moments de répit étaient quand Marguerite, notre chère grand-mère venait, car elle, elle voyait tout et Lui, il n’osait plus rien faire.
En fait, pas de harcèlement à l’école, comme aujourd’hui, non !
Mais à la maison, oui…
JY 2025 : Oui, je me souviens très bien. Et tu ne sais pas, mais cela ne s’est jamais vraiment arrangé. Tu as eu bien raison de fuir.
JY 1967 : En milieu d’année, Mr Le Borgne nous avait présenté les différentes écoles possibles après la primaire. Papa et Maman n’étaient pas venus à la présentation, le nouveau magasin, comme toujours, et pour eux, c’était évident, j’allais le suivre, l’ainé, dans ce collège à Brest.
JY 2025 : Ah tu as raison, je ne me souvenais plus de cette présentation et que tu y étais tout seul.
JY 1967 : Dans les écoles possibles, il y en avait plusieurs à Brest et dans le Finistère. Et à Pont-Croix, il y avait ce petit séminaire. Je m’étais dit que le fait que ce soit un petit séminaire allait être le parfait argument nécessaire pour les parents, car les autres n’avaient rien de différent avec l’école de Brest où était « l’ainé ». Et je n’avais aucune envie de l’y retrouver et d’avoir à le « supporter ».
JY 2025 : Oui, tu as super bien fait. Tu sais que je suis sacrément fier de toi. J’en ai presqu’envie de te serrer dans mes bras.
JY 1967 : J’espère bien que tu vas me serrer fort dans tes bras. Je l’ai fait pour moi, mais aussi pour toi, mon pit gars. Pour que l’on puisse s’en sortir tous les deux.
JY 2025 : C’est le cas de le dire. En sortir. S’en sortir. Je t’aime fort. Tu me fais chialer !
JY 1967 : Et moi, tu crois que je fais quoi dans tes bras ?
Au fait, tu me demandais pourquoi ce sourire ?
Parce que justement, j’étais très fier de moi, de mon coup, presque ni vu, ni connu.
Maman et Papa avaient accepté sans problème de m’envoyer au petit séminaire. Ils en étaient presque fiers qu’un de leurs fils entre au petit séminaire.
Et moi, j’avais réussi à le fuir… et j’en étais FIER, très fier.
D’où ce « sourire espiègle et déterminé », elle a raison ton amie Maud.
JY 2025 : tu peux l’être, fier. J’admets, aujourd’hui, que je suis toujours autant étonné que tu aies eu ce courage. Et j’avoue que de te retrouver ainsi avec cet air fier et déterminé me fait chaud, très chaud, au cœur.
JY 1967 : Et puisque l’on en est à être fier, j’avoue que je suis plutôt très heureux d’avoir pris ce « chemin de traverse » comme tu dis maintenant. Il t’a sacrément permis de tracer cette superbe route, de faire de bien belles rencontres.
Bon, notre histoire n’était pas simple, il t’a fallu un peu de temps pour tout démêler mais bien heureux de te voir heureux aujourd’hui.
Car modèle nu à Paris, ton spectacle de transformiste en Andalousie, puis tous tes boulots à Paris et à Nantes, pas sûr que tu aurais fait un tel chemin en restant là où j’en étais.
JY 2025 : Oui, c’est évident. Je ne sais pas ce que je serais devenu, mais tu l’as fait et j’ai pris la route. MERCI à toi.
Et figure-toi, j’ai un scoop.

Ton voisin de gauche. Votre posture bien droite, votre sourire de connivence m’intriguait, vue « la gueule » des autres. Je croyais l’avoir retrouvé il y a quelques semaines. Mais je m’étais trompé de prénom.
Et là, le bon prénom m’est revenu aujourd’hui en échangeant avec toi. Paul. Cette histoire va me rendre fou.
J’ai effectué une recherche.
Il habite toujours Brest. Pas de tel, mais une adresse, grâce à un article de journal de 2017. Croisons les doigts, je lui écris tout de suite. Je te tiendrai au courant.
JY 1967 : Bon, sois sérieux. Ce n’est pas moi que tu tiendras au courant mais tes fidèles lecteurs ! car j’avoue que tu me bluffes, retrouver Paul ! raconter tout ta vie, la mienne, dans ce livre, continuer à nous faire revivre ainsi. Bravo !
Je ne sais plus si j’avais informé Paul et s’il s’en souvient, mais c’est vrai que nous avons l’air de connivence. Finalement, tu m’intéresses. Tu me raconteras ?
JY 2025 : Promis. A très bientôt. BisouXXX.
JY 1967 : Tu ne m’oublies pas cette fois-ci ? Gros BisouXXX aussi.
JY 2025 : Non, impossible. Promis.


