Paris, 1996
Philippe
Avant de vous dire comment j’ai rencontré ce beau gosse, Philippe, je vous dirai que vous le connaissez en plusieurs morceaux. En tous cas, certains d’entre vous, ceux qui ont connu, ou qui sont venus voir mes expositions, non pas dans ma période bleue, mais dans ma période « nus ».
Donc, vous l’avez déjà vu sous toutes les coutures sans savoir que c’était un seul homme, lui, adorable Philippe.
Voilà comment tout a commencé :
Suite à une photo d’un torse nu, que l’on m’avait commandée pour une publicité, promis, je vous en raconterai l’histoire très bientôt, un de mes chers et fidèles amis, Jean-Pierre, m’a mis au défi de réaliser une exposition de nus.
Mais rencontrer des hommes et des femmes pour poser nus pour moi, j’en étais total incapable.
Je pouvais les aborder facilement, justement parce que ce n’était pour du nu. Tellement cliché : « viens, on va faire des photos de nus à la maison » … Au secours…
J’en parle à Nadine, que vous connaissez déjà… histoire n° 6…
« Ne t’inquiète pas, je vais t’aider » … Elle travaillait à l’accueil d’une salle de sport. Elle me fit rencontrer trois garçons. J’avais envie de faire une séance avec deux hommes. Des photos sensuelles.
Et, Philippe et José débarquèrent un samedi, ensemble, chez moi.
Deux super beaux mecs, l’un mannequin, l’autre prof de sport. Et moi…
J’étais plus qu’hyper intimidé. Mais ils m’ont mis de suite à l’aise. Un comble… les modèles qui mettent le photographe à l’aise…
Ils étaient très bons amis et avaient vraiment très envie de faire ces photos ensemble. Et aussi de me faire plaisir. Photographiquement parlant, bien sûr.
Je sais ce que vous vous dites : Jean-Yves avec ces deux beaux gosses nus devant lui. Eh bien non, autant, j’aime les hommes, autant ils aiment les femmes. Mais cette séance fut un vrai plaisir simple, pleine de rires et fous rires, mais qui a donné des photos que j’aime toujours énormément aujourd’hui.
Celle-ci, que j’ai appelé « La main au torse », Philippe dans le rôle du torse. Tant d’abandon, de tendresse dans ce torse, et tant de présence, force, de protection dans ce bras. C’est ma préférée de cette période… Mille mercis à vous deux. Qu’en pensez-vous ?
Dans ces deux suivantes, Philippe et les… mains de Philippe… Petit veinard… LOL
A la fin de la séance, José est parti. Il avait des cours de sport à donner.
J’ai demandé à Philippe s’il pouvait rester. Je n’allais pas laisser partir un tel sourire sur une telle gueule sans le fixer, ou du moins essayer de le fixer. J’étais déjà un peu épuisé par la séance.
Non, arrêtez de gamberger. Mais imaginez un peu, nous sommes à l’époque de l’argentique. Vous ne savez pas ce que vont donner vos photos et vous savez que ces deux mecs ne vont pas revenir gracieusement 25 fois pour mes beaux yeux, même s’ils ne sont pas trop mal… mes yeux.
Philippe reste. Nous avions déjà passé plus d’une heure à faire toutes ces photos.
Et là, voilà. Le sourire, le regard, juste parfait, juste manifestement content d’être là.
Merci Philippe pour ce regard et ce sourire.
Je ne savais pas si j’allais les revoir. Ce n’était pas une séance « portraits », où, « apparemment » il se passe quelque chose, qui fait que 10, 20, 30 ans plus tard, nous sommes toujours fidèles, quelque part.
Cette photo a finalement été l’une des 1ères des « portraits jaloux » … Mais qu’est-ce donc ? je vous en dirai beaucoup plus dans la prochaine « Histoire de Rencontre ».
Philippe restera fidèle. La preuve. Il est toujours là, pas très loin. Peut-être parce qu’il y a eu ce portrait. Je vais finir par croire qu’il y a un philtre d’amitié dans ces portraits.
Il disparaitra puis reviendra plusieurs fois.
A l’une de ses réapparitions après un voyage à l’étranger, nous nous reverrons. Et nous ferons des portraits. Ce portrait. Un autre « portrait jaloux »…
Philippe, comme abandonné, perdu dans mon regard. J’adore cette émotion que j’ai eu en le regardant, toujours la même encore aujourd’hui. Pas vous ?
Vous vous dites, Jean-Yves, il se perd dans les dates de ses photos. Non, non, ce portrait de Philippe est plus récent que le 1er. Vous lui demanderez son secret.
Je voulais lui laisser la parole… et finalement, il n’a pas osé… je l’ai peut-être suffisamment mis à nu…
Merci Philippe d’avoir été là, pour tous nos regards échangés, et d’être toujours là.