Photographe Portraitiste

20 – 50 ans de sourires

photos studio 
portraits
sourires
  • Jean Yves, qui êtes-vous ?

Oh là là !

Asseyez-vous, prenez un café !

LOL

Non, sérieusement, si je devais me définir, je pense que je dirais que je suis un écorché, un affectif, qui a trouvé dans le portrait photographique, le bon moyen de soigner mes failles, les apaiser,

tout en essayant d’être utile,

en lui renvoyant ce que je vois, ce que je ressens en le rencontrant.

Puis tout mon cheminement personnel m’a permis de me rendre compte que je pouvais aller encore plus loi pour accompagner mes modèles avec mon regard sur eux.

2 portraits
l'un moi à 17 ans, avec des cheveux 
un sourire très timide
ouf !!

l'autre à 67 ans 
chauve
avec un franc sourire
chemise bleue éclatant
  • Racontez-moi votre histoire en 3 phrases ? Comment cette envie est venue ?

Mon histoire en 3 phrases, vous avez le sens de l’humour.

Après avoir acheté mon 1er appareil photo à 17 ans, il y a 50 ans, un rollei 35, j’ai commencé à photographier mes proches, pour fixer des moments, des partages précieux, pour qu’ils ne disparaissent pas quelque part.

moi à 17 ans et ce sourire timide

Puis fort du regard de quelques professionnels de l’image, Costa Gavras, une bookeuse d’agence de photographes, j’ai commencé à aborder les gens partout où j’étais pour réaliser leurs portraits.

4 personnes sur 5 me rappelaient et on prenait le temps d’échanger puis de réaliser leurs portraits, comme aujourd’hui.

Si vous voulez en savoir plus,

Je captais ainsi mes émotions, les leurs, sans en faire mon activité 1ère, j’en réalisais des expositions, de Brest à Berlin, en passant par Nantes, Paris, Avignon.

Puis, aujourd’hui, dans cette nouvelle vie, je suis devenu photographe portraitiste professionnel, spécialiste du sourire pour mon plus grand plaisir.

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  • Pourquoi le portrait vous anime autant ? D’où provient cette passion ? La passion démarre généralement d’une douleur… Pouvez-vous nous partager la vôtre ? Pourquoi ces portraits ?

D’une part, ma mère a toujours fait beaucoup de photos de nous avec notre père. Nous avons une culture photo – souvenirs de moments passés ensemble. Un vrai trésor pour moi aujourd’hui.

De plus, adolescent, le 1er regard d’affection sur moi, dont je me souvienne, est celui d‘une tante chez qui je passais bon nombre de mes vacances de mes 11 ans à mes 23 ans.

Un jour, je le racontais à mon thérapeute, eh oui, il en faut bien en rencontrer si l’on veut être en parfaite connexion avec l’autre. Je lui racontais donc le souvenir du regard de cette tante sur moi. Il me montra quelques photos que j’avais réalisées, « un regard comme celui-là » ?

modele photo

Je compris ce que je cherchais dans ces rencontres photographiques. Le regard de cette tante. Combler un manque que j’ai longtemps ressenti, qui faisait partie de moi.

Quelques jours plus tard, je photographiais mes parents. Logique.   

Une boucle était bouclée.

Depuis, je crois que j’aime regarder la personne en face de moi avec toute mon affection pour qu’elle se sente unique le temps de cette séance photo.

De cette faille j’en ai fait une force, simplement.

  • Pas trop compliqué parfois ? Mettre votre affect à nu, quelque part, au service de l’autre ? car c’est un peu ce que vous faites, non ?

Compliqué, oui et non.

C’est un pur bonheur de vivre de mes émotions.

Et il me faut parfois, rarement heureusement, faire appel à quelques ressources, pour me protéger.

La très grande majorité du temps, mes rencontres ont cette même bienveillance, donc tout va bien.

Et parfois …

Décidemment, vous avez le chic pour poser la question qui me « bouscule » un peu.

Il y a plus de 30 ans, un journaliste et un ami très cher écrivaient sur moi :

L’un : 

« Comme il n’aime pas qu’on lui mente,

Il va chercher la vérité

Là où elle se cache toujours… au fond d’un regard,

A la lisière d’un sourire, au détour d’une expression. »

L’autre :

« Il vit dans l’urgence de l’immédiat

Dans la nécessité d’être

Et d’exprimer son frémissement intérieur. »

Rien n’a changé.

J’apprends, encore aujourd’hui, tout du moins j’essaye de me protéger, de gérer mes émotions face à celui qui « n’a pas tout à fait la même notion du temps », ou celui qui « ne sait pas dire simplement la vérité ».

Je n’ai pas encore trouvé la boite hermétique qui me permettrait d’enfermer mon « affect’ », une fois le travail remis.

sourire
portrait
  • Quel est votre plus gros challenge ? 

Sans aucun doute, réaliser le portait de mes parents.

C’était le nœud gordien de ma vie.

La clé de tout.

je l’ai d’ailleurs raconté plus en détail dans la 1ère histoire ce blog,

Le regard de mes parents sur moi, fixé à jamais.

Et cette photo est magnifique de tendresse.

  • Quelle rencontre professionnelle vous a le plus marquée ?

Ce fut une rencontre téléphonique, mais elle m’a boosté énormément.

Encore aujourd’hui, j’ai ses mots écrits dans mon studio.

En parlant de mes photos, de mon regard :

« Jean-Yves, Continuez, surtout ne doutez pas »

Mademoiselle Jeanne MOREAU

  • Pourquoi en faire de façon pro qu’à cette période votre vie ?

Pour pouvoir prendre le temps de la rencontre, sans contrainte économique afin de pouvoir offrir au modèle le regard le plus juste, la meilleure photo de lui-même.

  • Avez-vous fait un parcours de formation photographique ?

Non, j’ai appris au fur et à mesure.

De mes erreurs, de conseils d’amis photographes.

D’expositions ici et là.

  • Regrettez-vous de ne pas l’avoir fait ?

Non.

Cela me permet d’en être libre, de faire autre chose.

  • Qu’est-ce que vous préférez dans votre activité de photographe ? 

TOUT.

Le précieux temps d’échange avant la séance, autour d’un café, d’un thé, d’un déjeuner. Chacun se livre. Nous nous écoutons. Une denrée de plus en plus rare aujourd’hui.

Le temps de la séance. Ces moments où je découvre l’autre lâcher prise petit à petit ou l’espace d’un instant. Cette intensité de vigilance à regarder, à observer attentivement, pour ne pas en perdre une miette. Ce n’est pas un moment de technicité mais une bulle d’émotions où je ne peux pas permettre un moment d’inattention.

Le moment où je lui montre quelques-unes des photos durant la séance. L’émotion que je palpe dans son regard. Ces moments-là sont plus que précieux. Des cadeaux que je lui fais, des cadeaux que je me fais, des cadeaux qu’il me fait.

La découverte plus au calme des photos une à une, seul devant mon ordinateur. Souvent l’émotion me gagne. Je les mets en lumière. Pas de retouche, mais une mise en lumière.

Leurs retours. Leurs mots de retours. Parfois j’ai envie de leur dire : « prévenez-moi avant de me dire de telles choses ». Je ne m’en lasse pas, comme si c’était la 1ère fois à chaque fois, depuis si longtemps. Comme le comédien sur scène, qui y a mis toutes ses tripes, qui est payé pour, mais qui n’est rien, ou presque, sans les applaudissements en fin de spectacle.

C’est grave, docteur ?

  • Comment vos proches vous décriraient en 3 mots ?      
  • Généreux
  • Fidèle
  • A l’écoute
  • Un message universel que vous aimeriez transmettre aux jeunes et aux moins jeunes ?

Regarder, Écouter l’autre, sans jugement.

Quelques jours après cette interview avec une de mes rencontres photographiques, l’article finira en beauté dans un hebdomadaire du vignoble nantais où nous vivons, l’Hebdo de Sèvres et Maine :

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