1 – Maman et Papa

1 – Maman et Papa

Impossible de vous raconter « mes rencontres photographiques » 

sans commencer par LA photo, 

la photo de :

Maman et Papa

A force de « m’allonger » sur ce sujet, 

je savais bien, qu’un jour,

je finirai par coucher « sur le papier » tout ce que cette photo signifie, 

je crois que nous y sommes.

Je l’ai très rapidement évoqué du bout des doigts dans la balade n° 9 des balades de jy.

Mais, commençons par le plus simple, le Pourquoi, le Comment de cette photo.

Nous sommes en 1991, je viens d’exposer mes 1ères photos au Salon d’Automne au Grand Palais à Paris. Je prépare une exposition itinérante pour le 1er trimestre 1992 sur Quimper, Chateaulin et Brest. Normal, je suis originaire de Brest et mes parents y sont fleuristes.

J’ai 35 ans, je commence à être plutôt en paix avec eux. 

Non sans y avoir travaillé quelque peu !

Je leur propose donc, pour cette exposition itinérante dans leur région de faire une photo avec eux. Ils acceptent, assez fiers de faire partie de ce qu’ils ressentent comme étant une famille de cœur, celle que je me suis construite.

J’habite Paris, je viens un week-end spécialement pour LA photo. 

Je demande à mes frères et sœurs de me laisser seuls avec eux ce jour-là,

j’ai besoin de sérénité entre eux et moi.

Comme bien souvent avec mes modèles, nous déjeunons ensemble.

Maman va se redonner un coup de peigne et mettre la tenue qu’elle m’a montrée le matin. 

J’installe le studio, même rituel.

L’ambiance est sereine, pas de coups de téléphone, pas de visites.

Ils prennent assez naturellement la pose, me regardent. Je plonge dans leur regard. On ne se parle quasiment pas. Je leur dis juste de temps en temps qu’ils sont très bien. Ils prennent confiance. Je mitraille. Il est hors de question que je ne l’ai pas, cette photo. Ils lâchent un peu plus prise, sourient un peu plus, j’ose à peine respirer, ils sont là, tous les deux, pour moi, 

et je vais le fixer, ce moment.

Silence, on n’entend que les clics qui se répètent. 

elle est là, je l’ai sentie, elle est dans la boite.

ils nous faudra attendre pour la voir, le numérique n’est pas encore de notre monde.

Je les embrasse, je les remercie, nous n’en avons jamais reparlé.

Maintenant, ils font aussi partie de cette famille de cœur. 

Je range mon matériel.

Je pars me promener quelques heures au bord de la mer.

Énorme besoin d’évacuer calmement toute cette émotion.

LA photo sera superbe.

Elle est ressortie immédiatement sur la planche contact quelques jours plus tard.

Lors de l’exposition finistérienne, ma mère consacrera une des vitrines de leur magasin, à quelques-unes de mes photos, dont la leur, bien évidemment, avec une décoration dont elle avait le secret. Elle fut championne de France d’Art Floral et prof au CAP fleuriste de Rennes.

Mes parents l’ont encadrée et accrochée sur la cheminée.

Deux ans plus tard,

Un peu « au fond de la mine à pousser les wagonnets »,

Je décide d’aller voir un professionnel,

Pour lui parler de mes démons trop souvent présents :

A 10 ans et ½, j’avais demandé à partir loin de chez ma famille, en pension,

j’avais un peu de mal à trouver ma place au sein de notre famille, 

de notre fratrie, nous sommes 5. Je suis le second.

Je ne reviendrai vivre chez mes parents qu’à l’âge de 17 ans.

Dès mes 10 ans, je passe la plupart de mes vacances chez Mélanie et Louis, dans leur ferme. Des cousins à la mode de Bretagne de mon père. Ils n’ont pas d’enfant. J’y suis heureux. Ils me regardent, me parlent, me donnent des responsabilités, je conduis le tracteur, je vais chercher les vaches au champ. Je vis. J’existe.

Je me souviens du regard de Mélanie, sur moi, le matin, quand, à peine réveillé, je déboulais dans l’étable où elle trayait les vaches. 

je n’avais jamais senti un tel regard sur moi.

Un jour, je racontais l’histoire de ce regard sur moi à mon psy.

Il me dit « Un regard comme celui-là ? »

En me montrant la photo de mes parents, que je lui avais donnée.

J’ai arrêté la séance, lui ai dit, troublé : « on se voit la semaine prochaine ».

Je venais de comprendre le pourquoi de tous ces regards, tous ces sourires, toutes ces photos.

Je venais de comprendre l’émotion devant cette photo de mes parents,

La photo de leur regard de tendresse

Que j’avais fini par capter et fixer.

Car cette fois-ci,

c’est bien moi qu’ils regardent,

avec tendresse, 

et pour toujours.

Dans mes séances photos,

J’allais simplement chercher un regard bien particulier

celui que je n’avais pas ressenti sur moi, enfant.

Aucun souci, depuis, tout va bien.

Mais je continue, avec plaisir et sérénité,

à avoir envie et besoin de regarder l’autre.

Que l’autre me regarde.

Que ces sourires et regards existent sur la photo.

Mon 1er site internet s’appellera : « Dans le Regard de l’Autre ».

Qui est l’Autre ?

Faire une force de ses failles.

Voilà,

Vous savez tout, ou presque… LOL

Avec cette photo, une boucle était bouclée.

Je ne pouvais pas commencer à vous parler de mes photos, sans vous parler de celle-ci. 

Vous serez d’accord avec moi, n’est-ce pas ?

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16 commentaires

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  1. Arnaud
    avril 29, 2021
    • Jean-Yves Piton
      avril 29, 2021
  2. maeva
    avril 29, 2021
    • Jean-Yves Piton
      avril 29, 2021
  3. Sylvie
    avril 29, 2021
    • Jean-Yves Piton
      avril 29, 2021
  4. Gilbert
    avril 29, 2021
    • Jean-Yves Piton
      avril 29, 2021
  5. Sylvette
    avril 29, 2021
    • Jean-Yves Piton
      avril 29, 2021
  6. Philippe
    avril 29, 2021
    • Jean-Yves Piton
      avril 30, 2021
  7. Betty
    mai 1, 2021
    • Jean-Yves Piton
      mai 2, 2021
  8. Jean Philippe
    mai 2, 2021
    • Jean-Yves Piton
      mai 3, 2021

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