15 – Sans Queues ni Têtes

15 – Sans Queues ni Têtes

Aujourd’hui, 

Faisons place à une période assez particulière, 

De mon parcours de photographe…

.

J’ai toujours photographié 

Des visages, des regards, des sourires,

Depuis le début,

C’est-à-dire depuis hier, mes 17 ans…

.

Aujourd’hui, ici,

Nous sommes début 1996,

L’époque du minitel,

Oui, je sais, vous êtes quelques-uns 

À dire ou à penser… Oh là là…

.

Un couple d’amis veut lancer 

Son 3615 de rencontres.

Ils veulent que je fasse la photo de leur communication,

Un torse nu, d’homme, bien évidemment.

.

Ils aiment ma lumière,

Ils aiment cette façon de mettre les modèles sur scène, 

Ils veulent JY et cette lumière pour la photo de leur comm’.

.

Je refuse au moins 2-3 fois,

Ce n’est pas pour moi.

.

En effet, je peux facilement

Aller vers l’autre

pour réaliser son portrait,

Car justement, 

je sais que ce n’est pas pour le dénuder chez moi,

Tout du moins, physiquement…

.

Un jour, l’un de mes modèles, m’avait dit :

« Je veux bien faire des nus,

Mais je ne suis pas prêt à faire des portraits,

Tu m’en demandes de trop… »

.

Pas faux,

Je mets surement plus mes modèles 

A nu dans un portrait,

Que nu,

Mais chuttt,

Il ne faut pas leur dire…

.

Revenons à notre minitel,

Je finis par accepter,

.

Mais :

« Vous trouvez le modèle,

Vous venez avec lui faire les photos,

Je vous donne les films

et vous les faites développer 

dans un labo pro que je vous indiquerai ». 

.

Il faudra qu’un jour,

Je vous raconte l’histoire de ce labo,

Je pourrais appeler cette histoire

« L’arroseur arrosé… »

.

Je le note.

C’est noté.

.

Ils viennent donc un samedi après-midi,

Le modèle, sympathique,

Se prête bien au jeu,

Et je l’éclaire comme une statue…

.

La séance se termine,

Ils partent avec les films,

Et je suis bien content 

D’être délivré de cette séance

Qui s’est très bien passée

Mais qui n’était pas tout à fait mon histoire.

.

J’étais plus comme un sculpteur

Pas tout à fait un photographe,

Du moins dans mes émotions habituelles.

.

D’ailleurs, 

Je ne me souviens pas du tout de son visage.

Tu m’excuseras si tu lis ces lignes.

.

Quelques jours plus tard,

Ils me rappellent :

« Jean-Yves,

Tu devrais venir voir tes photos ».

.

« elles sont ratées ? »

« Viens, tu verras par toi-même ».

Je passe un soir, après le travail,

Un peu inquiet…

.

Ils me donnent les planches contact,

Vous savez ces tirages de négatifs tels quels,

Un peu plus grand qu’un format A4.

.

« C’est moi qui ai fait ces photos ? »…

Je suis un peu surpris, fier, bluffé…

« Bon, maintenant,

Tu reprends tes négatifs, tes planches,

On veut utiliser ces deux photos,

Et tu nous dis combien on te doit ».

.

Et en 2 mn, je passe à la phase « économique »

Dont je n’ai jamais parlé,

Car faire ces photos me donnait tant de plaisir

Que je ne faisais jamais payer.

.

Vous imaginez,

L’argentique,

Bref, n’en parlons pas,

C’est fait.

.

On finit par trouver un accord sur le prix,

Je leur vends donc les droits sur ces deux clichés

Que je fais développer au format qu’ils désiraient.

.

Et pour les impressions qui suivront,

Je leur demande d’utiliser un pseudo,

Le prénom d’un de mes neveux,

Un prénom que j’ai toujours trouvé très beau.

MELDREG

Les flyers et publicités sortent,

Et mes photos,

En tous cas, moi, je sais

Qu’elles sont les miennes,

Sont partout dans un milieu parisien.

.

Celle que je préfère,

Je l’appellerai « Le torse à la serviette ».

Hyper original…

Le Torse à la serviette

Et voilà…

Quand je pense à l’endroit où nous les avons faites,

et comment nous les avons faites…

.

Rue Lamartine,

Dernier étage,

Vue sur les toits,

Un tissu accroché sur la fenêtre,

De couleurs différentes, 

Selon la luminosité…

.

Eh oui, je fais avec les moyens du bord…

.

Je pensais m’arrêter là, 

Pour ces photos de nus.

Mais c’est loin d’être fini…

.

C’était sans compter sur un ami, Jean-Pierre,

Nous avons fêté nos 40 ans d’amitié cet été 2021.

.

Il vient diner un soir à la maison,

Je lui parle de ces publicités,

Lui dis que Meldreg, c’est moi,

Et du coup je lui montre les autres photos de la séance.

.

« J’adore, 

il faut que tu fasses une expo de nus »

« Oui, pourquoi pas

Mais je n’ai pas trop d’argent pour… »

.

En effet, 

Préparer une expo 

pour laquelle je n’ai quasiment pas de photos 

va couter un petit bras…

.

il veut que l’on compte rapidement.

…Les séances photos, les films, les planches contacts, les tirages pour aller présenter le projet aux galeries potentielles, les tirages d’exposition…

.

Bref, on arrive vite à un budget que je n’ai absolument pas.

Je sors d’une période de chômage.

.

Séquence émotion,

C’est là que vous pouvez sortir votre mouchoir…

.

Jean-Pierre, lui, sort son chéquier,

Me fait un chèque du budget que nous venions de calculer :

.

« Maintenant, tu n’as plus d’excuses,

Au boulot … 

Tu me rembourseras en photos. »

.

Vous avez des amis comme lui ?…

Oui, j’ai cette chance.

Merci à toi.

.

Réaliser ces photos,

Pas trop de soucis,

.

Par contre,

Aborder des hommes et des femmes :

« je suis photographe,

je prépare une expositions de nus,

Çà t’intéresse ? »

.

Euh, pas facile,

D’autres savent surement le faire, 

moi pas, mais alors pas du tout.

.

Du coup, j’en parle à une amie, Nadine 

(histoire n° 6)

.

Elle travaille à l’accueil d’une salle de sports…

Plutôt adapté comme « recruteuse »…

.

« Ne t’inquiète pas, je vais en parler pour toi »

.

Vient un 1er modèle,

Je ne me souviens ni de son nom,

Ni de son visage.

.

Comme quoi, c’est vraiment autre chose, ces photos de nus.

.

Mais nous nous amusons beaucoup lors de la séance.

.

Mes parents sont fleuristes,

(histoire n° 1)

.

Aussi, une envie  

De réaliser ces nus avec des fleurs.

Le Torse à la rose
L’anturium

Eh oui, la chemise en jean existait déjà…
Le marié… Non ?

Le Lys

Je veux aussi réaliser des photos avec deux garçons.

.

Viennent un jour, Philippe et José, 

bien sûr « recommandés » par Nadine…

.

Le Philippe de l’histoire n° 14.

.

Il reste, puis reviendra, pour des portraits, 

Vous pouvez voir le… haut…

En fin de l’histoire.

La main aux fesses
la main au torse

Cette photo est une de mes préférées, 

Entre force et tendresse,

Entre abandon et protection,

Merci à vous deux pour ce cadeau…

.

L’un de mes amis a une collection assez phénoménale de poupées Barbie et de GI Jo…

.

L’un d’eux m’a toujours interpelé car je trouve qu’il ressemble au Christ.

.

Une idée de photo a germé dans ma tête.

.

Du coup, je recherche un torse musclé avec un piercing à chaque téton.

.

A aujourd’hui, c’est plus simple, 

je poste ma demande sur les réseaux sociaux 

et le soir, je risque d’avoir plusieurs candidats.

.

En 1997, c’est moins évident, à priori.

.

Un samedi, je me promène dans le marais (parisien…)

Je rentre dans une boutique de piercings,

Logique…

.

Je présente ma recherche au gars à l’accueil,

« je pense à quelqu’un qui serait bien pour vous… »

.

La porte s’ouvre,

Le gars de l’accueil éclate de rire,

« tiens, le voilà, c’est lui… »

.

« Avance, Christophe »

.

Il porte un débardeur,

Et le gars de l’accueil lui baisse son débardeur,

« çà t’ira ? », en me regardant.

.

Le JY, plutôt du genre réservé,

Entre éclater de rire,

Devenir rouge écrevisse,

Bref, je ne sais plus trop où me mettre…

.

Christophe :

« on peut m’expliquer ? »

Avec un grand et magnifique sourire.

.

Je lui explique mon projet.

« avec grand plaisir »…

La photo du « Christ aux piercings » se fait…

Le Christ aux percieings

Mais celle qui a le plus de succès,

Est « le Ken montagnard »,

Même si ce n’est pas un Ken !

Le Ken montagnard

Merci Christophe, là où tu es.

.

Impossible de préparer cette exposition sans que quelques amis y soient,

Comme Diego et Antima, l’une de ses amies danseuses, comme lui.

Miroir, mon beau miroir !
Le torse aux mains
Le Sein perlé

J’en parle régulièrement à un ami,

Qui travaille au bistrot où je prends mon café presque tous les matins,

Logique qu’il me dise un jour :

« si tu me demandes, je ne dirai pas non »…

Il a donc dit oui !

Le torse poilu

Deux autres amis veulent y être,

Plus discrètement.

Ils y sont.

Les Mains

Vous voyez,

Les mains,

Ce n’est pas d’aujourd’hui,

Il y en a déjà partout… eh oui !

.

Je suis prêt,

En tous cas, j’ai toutes les photos.

.

Maintenant, le lieu…

.

Bien évidemment,

Comme Jean-Pierre veut que cette exposition se fasse,

Il me le trouve, le lieu idéal.

.

« L’opium café »

Près de la place des Vosges, 

Dans une petite rue à deux pas de la rue des Francs-Bourgeois.

.

Vu l’espace,

Hauts murs très colorés,

Hors de question d’exposer les formats classiques en 40 x 50,

.

Plutôt des 80 x 100, voir bien plus pour quelques-unes…

.

Impossible de financer des cadres de cette dimension,

Je les contre colle sur des plaques de carton plume.

.

mon petit appart,

au 6ème étage sans ascenseur,

Devient un atelier…

Il y en a partout.

Je ne fais que çà en dehors de mon travail.

.

Hors de question de se louper,

Au prix du tirage.

.

Trouver un système d’accroche…

.

Je ne sais pas si je me lancerais à nouveau dans cette expédition aujourd’hui !

.

Ou plutôt, si, je sais,

Je ne le ferai pas…

.

Mais, à ce moment-là,

Je suis porté,

Porté 

Par toutes ces photos que j’aime beaucoup,

Par les amis,

Par mon « mécène »,

.

Sans oublier les contacts Presse,

Que je commence à contacter 

En leur envoyant LE dossier de presse… 

Élément essentiel pour toute expo.

.

Avec notamment des textes de deux amis très chers,

Une amie photographe,

Un ami décorateur de cinéma.

.

Rappeler tous les contacts ensuite,

Bien évidemment, 

je n’ai pas d’attaché de presse.

.

Oui, je ne le ferai plus !

.

Mais, là, j’ai le nez dedans…

.

Sans oublier,

Le nom de l’expo..

.

Je veux l’appeler 

« Sans queues, ni têtes »…

Logique… Rigolo…

.

Je n’ose pas,

Aujourd’hui, j’oserais bien, par contre… LOL

.

Elle s’appellera plus correctement :

« A bras le corps / Adam, Ève et les Autres ».

.

L’exposition a lieu, 

le vernissage le 4 décembre 1997.

Une magnifique soirée.

.

La presse,

Bien sûr, pas le Figaro ou le Monde,

Je ne fais partie d’aucun sérail,

Ouvrant des sésames,

Juste un JY, discret,

Qui photographie avec plaisir.

.

Mais ces quelques articles et couvertures,

Avec mon vrai nom, cette fois-ci,

Me font bien chaud au cœur à l’époque.

D’autres suivent, 

Photographe Amateur, Têtu, Chasseur d’images, 

Et d’autres disparus à ce jour.

.

Début 1998,

Deux galeristes me proposent, 

Comme à d’autres photographes, 

De mettre,

Dans leur galerie,

La Galerie des Figuratifs,

Des tirages en vente.

.

Dans la foulée,

Plusieurs photographes français,

Spécialisés, du moins en partie,

Dans le nu masculin,

Me proposent d’exposer avec eux à Berlin,

Au Schwules Museum,

Le Musée de l’Homosexualité,

Le seul et unique à l’époque.

.

Le nom de l’expo : « Oh là là !»,

Apparemment 

Une expression représentant bien les français !

D’ailleurs, je viens de réaliser 

que je l’ai écrite au début de notre histoire.

.

Nous votons tous ensemble,

La photo qui représente l’exposition du collectif.,

Sur le carton, sur l’affiche.

.

Et…

Oh, ce n’est pas grand-chose,

.

Mais, je ne sais pas si vous voyez,

Depuis des années, je fais mes photos,

Avec plaisir, 

De façon totalement amateur,

En apostrophant les futurs modèles,

Là où je suis,

.

Je fais quelques expositions,

Tous les ans,

.

Depuis ma 1ère en 1991, au Grand Palais,

Et de façon plutôt intimiste,

En dehors du Grand Palais… LOL

.

Et là,

Je vais faire une exposition à Berlin,

Avec des vrais photographes, 

Vous savez,

Ceux qui qui savent ce qu’est un diaphragme, 

Une vitesse, une ouverture, une focale, etc.. 

Toute une technique qui m’est bien étrangère, 

Presque comme aujourd’hui… 

.

Et en plus, ils choisissent à une grande majorité,

Ma photo !

Faite avec la lumière du jour 

dans mon petit appart’…

.

Ce n’est pas grand-chose,

Mais, oui, je suis fier…

.

Le musée édite quelques cartes postales,

Me recontacte quelques années plus tard, 

Pour en rééditer d’autres…

Oh, pas de quoi crier fortune,

Loin de là,

Mais juste de quoi faire du bien 

à l’égo de l’artiste.

.

Je surfe un peu sur cette vague

En allant exposer en Avignon…

.

Un chorégraphe italien, 

Après avoir vu des photos, chez un ami à Londres, 

Me demande l’autorisation 

D’utiliser « Les Mains »

Puis le « Ken Montagnard » 

Pour l’affiche de ses spectacles en Italie,

Deux années de suite.

Je deviens international… LOL

.

Je rigole,

Mais même si je suis un peu fier 

De cette jolie aventure,

Je sais au fond de moi 

Que ce n’est qu’une aventure 

Avec un mot FIN en pointillé…

.

Je dis en pointillé,

Car il m’arrivera de laisser trainer mon regard …

LES Fesses

Par contre, je sais que les regards, 

Les visages, les sourires, 

Me manquent terriblement,

.

Car ils font trop partie de moi.

.

Du coup,

J’allie cette découverte,

« Photographique » s’entend,

Du corps,

.

A mon grand plaisir du regard, du sourire,

.

Je les appelle les « Portraits Jaloux »,

.

Jaloux des nus !

Cyril
Laurent
Yann
L’homme à l’orchidée
Philippe, le haut du bas du début !
Philippe, idem !
Ben
Damien
Nico

Voilà,

L’histoire est finie,

En tous cas, celle-là,

Celle des nus,

De cette belle exposition 

De ces belles rencontres.

.

Merci à vous tous,

Mes amis,

Jean-Pierre, mon « mécène », 

Ben, Damien, Christophe (+), Cyril, Diego, José, Laurent, Miklos, Nicolas, Philippe et Yann…

.

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